C’est navrant lorsque des ministres à court d’idées sont persécutés pour autre chose par le pays qu’ils tentent de gouverner. C’est comme si nous avions tous subit une attaque de moralité divine concernant le fait qu’ils font autre chose que de gouverner. La dernière victime de cette moralité démocratique visant le mode de vie somptueux de la classe dirigeante est François de Rugy, depuis peu l’ancien ministre de l’Environnement. Son crime? Au lieu de pleurer sur le fait que le Groenland émet plus de gaz à effet de serre que moi après avoir mangé un curry à emporter, se bourre de homards et de pinard, les premiers très gros, le second très cher. S’il rembourse le contribuable, je peux lui pardonner d’avoir utilisé de l’argent public pour se payer le pinard – mais manger du homard? Ça non!
Je n’ai jamais eu un penchant pour le homard et préférerais de loin que les gens laissent ces bestioles tranquille dans les océans pour s’occuper de leurs affaires, s’ils ont des entreprises qui en valent la peine. Les homards, ainsi que les artichauts, sont l’un des rares mets de luxe qui, une fois consommé, vous laisse davantage dans votre assiette que dans votre estomac. En plus, je n’ai jamais réussi à faire cuire ces chenapans car ils n’entrent pas dans la seule casserole que j’ai et qui est spécialement conçue pour faire cuire des œufs à la coque.
Je me pose la question sérieuse de savoir si nous pouvons nous attendre à ce que nos ministres et présidents mangent au restaurant McDonald’s du coin (oui, ils appellent ça “restaurants”) ou commandent une pizza poulet suprême chez Domino’s Pizza.
La démission d’un ministre pour autre chose qu’un manque d’idées ne fait rien pour la démocratie et ne résoudra pas le changement climatique. L’ancien ministre de l’Environnement ne peut plus manger de homard sur le dos des contribuables, mais d’autres prendront sa place à la table du Dernier Repas. Nous ne pouvons pas demander ou espérer que nos élites mangent de la restauration rapide, bien sûr, à moins que le hamburger ne soit l’avenir de la démocratie. Leurs délits doivent simplement être sanctionnés et les coupables doivent rembourser les fonds publics qu’ils ont mal utilisés. Mais ne soyons pas plus royalistes que le roi à ce sujet parce que beaucoup d’entre nous, à notre manière, agit de la même façon. Qui d’entre d’entre nous n’a jamais pris un stylo au travail pour l’utiliser à la maison, ou déclaré des dépenses qui, d’un point de vue comptable, n’auraient pas dû être déclarées?
Ce n’étaient pas des dîners entre amis. C’étaient des dîners de travail informels avec des personnes ayant des relations avec une autorité politique. – François de Rugy
Mon expérience professionnelle est que la plupart du temps, je dispose de 15 minutes pour manger une salade préparée rapidement. Mais le problème n’est pas là.
Le fait est que ce ne sont pas les affaires du lit et de la table qui comptent en politique, ce sont les idées. Pendant que les étés sont de plus en plus chauds et que le pole nord est en train de fondre, est-ce que le fait qu’un ministre mange n’importe quoi ou baise avec n’importe qui, nous concerne? Qu’íl rembourse ses chèques-restaurant au contribuable et laisse les femmes mariées tranquilles. Tout est pardonné tant qu’il nous apporte des idées pour sauver le monde du désastre.
L’argent des dîners somptueux, si reversé à l’État par le ministre, pourrait être utilisé pour planter des arbres. Ça, c’est une idée pour sauver notre planète! Ce ne serait pas seulement un grand pas pour l’humanité, mais un soucis de moins pour le homard qui se préocuppe sufisamment de son sort sans faire des cauchemars où il est servi tout chaud sur un plat en porcelaine appartenant jadis à Marie-Antoinette et désormais au Palais de l’Élysée.
(Propos inspirés par Charlie Hebdo du 17/7/19)