ROYAUME-UNI: Les Revenants – La Politique Sombre de Boris Johnson

Le conseil de Boris Johnson au parlement britannique sur la meilleure façon de rendre hommage Jo Cox est tout simplement honteux. Jo Cox, députée du Labour, a été brutalement assassinée lors de la campagne référendaire de 2016, par un fasciste dérangé qui cria “La Grande-Bretagne d’abord” lors de l’attaque. Pour un homme aussi puissant, Boris Johnson nous montre une fois de plus qu’il ne maîtrise absolument pas la langue anglaise en ne réalisant pas à quel point ses propos sont illogiques, déplacés et insultants. Le premier ministre britannique, qui a réussi à qualifier les femmes musulmanes de boîtes aux lettres et de cambrioleurs de banque, ne peut s’empêcher de disposer du vocabulaire nécessaire pour insulter les morts.

Mais ce que je dirai, c’est que le meilleur moyen d’honorer la mémoire de Jo Cox et, en fait, le meilleur moyen de rapprocher le pays serait, je pense, d’achever le Brexit. – Boris Johnson

Il est difficile de croire que la déclaration de Boris Johnson, “le meilleur moyen de rendre hommage à Jo Cox, serait de faire en sorte que le Brexit soit achevé,” provienne d’un leader d’une démocratie occidentale. C’est une déclaration qui non seulement insulte la regrettée Jo Cox qui a été assassinée pour ses opinions, mais manque de logique puisque Jo Cox faisait campagne pour que le Royaume-Uni reste au sein de l’UE. Est-il réellement en train de dire: “rendons hommage à cette dame en veillant à ce que la chose contre laquelle elle se battait et qui lui a coûté la vie soit conclue?”

En essayant de défendre les propos de Boris Johnson, le président du parti conservateur, James Cleverly, a expliqué que ce que son premier ministre voulait dire est que nous devrions tous nous engager et organiser le Brexit afin d’éviter que quelqu’un d’autre ne soit blessé ou, pire, tué. Ces explications rendent les choses beaucoup plus morales – Jo Cox maintiendra son statut de “seul députée tuée par le Brexit.” Elle mérite l’hommage parce que personne d’autre ne veut partager ce qu’elle a vécu.

La vérité est peut-être que cette fois-ci, Monsieur Johnson est tellement à court d’idées et d’amis pour organiser le Brexit, qu’il doit compter sur des députés décédés qui ont la capacité innée de ne pas répondre ou de refuser.

Il est déplorable que des personnalités publiques n’aient aucune autre capacité évocatrice que de se jeter des mots acerbes au visage et de s’énerver quand elles reçoivent une réponse qui ne leur plaît pas. Je suppose que c’est lorsque les idées politiques sont épuisées que les insultes et l’incitation à la violence prennent le dessus. C’est ce qu’a fait le référendum de 2016: réduire au silence les parlementaires de Westminster en rendant un verdict auquel personne ne peut faire face. Deux premiers ministres ont essayé et les deux ont échoué, mais au moins Theresa May était polie à ce sujet.

Boris Johnson est tombé au plus bas de sa bassesse en s’engloutissant dans les sables mouvants moraux qui définissent la politique de Donald Trump. Ceux qui doutaient des ressemblances entre les deux dirigeants ne peuvent plus en douter – Boris Johnson et Donald Trump ne font qu’un. Leur dextérité verbale est incomparable. Le feu pervers incontrôlable qui émanne de leurs paroles provient de deux vieux dinosaures atteints par la coqueluche et qui vont disparaître à la suite d’une catastrophe écologique majeure.

En attendant, le mari de Jo Cox a montré le genre de dignité et de retenue qui fait tellement défaut chez Boris Johnson.

En défendant ses idées – à savoir une rupture nette avec l’Union européenne et le droit de conclure des accords commerciaux dans le monde entier sans subir les effets d’une immigration massive liée aux accords conclus – Boris Johnson défie ceux qui posent des questions. Désormais, il insulte les morts, une attitude à la fois immorale et dangereuse.

En demandant le soutien du parlement, Johnson démonise les parlementaires qui le contredisent. Il a également l’audace de remettre en cause publiquement le jugement indépendant de la plus haute juridiction qui ne pense pas comme lui. Les prisons du Royaume-Uni sont pleines de condamnés qui ne sont pas d’accord avec les décisions des tribunaux.

C’est l’idée de compromis de Boris Johnson, tout autre à celle que Jo Cox défendait. Il est clair que le Brexit divise et pourrit, vide le débat public de toute humanité, de toute capacité à écouter les autres et de ne pas diaboliser. Boris Johnson nous a montré comment le Brexit peut également aller au-delà des cieux pour emmerder les morts.