Madame May, Partez Et Emportez Votre Brexit!!

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Theresa May a finalement compris que personne ne l’aime et certains la détestent – en tant que premère ministre, bien entendu.

Si je suis honnête avec moi-meme, je me sens en partie désolé pour Madame May. Elle me rappelle une belle-mère avec qui vous vous disputez sans cesse mais qui vous rend très triste quand elle disparaît. Respectons une femme (elle est bien une femme, n’est-ce pas?) qui a passé trois ans de sa vie à réparer les bêtises de cinq salopards responsables du Brexit!

Ne portons pas de jugements sur l’honnêteté de Theresa May. Elle a éte sincère en essayant de faire sortir le Royaume-Uni des engrenages de  l’Union européenne, étant persuadée que l’avenir de son pays était en-dehors de l’Union, de la même manière qu’elle fut convaincue jadis que le Royaume-Uni ferait mieux fait de rester.

À mon avis, elle mentait en 2016 et continue de ne pas dire la vérité aujourd’hui. Mais peut-être Theresa May est-elle devenue plus sage suite à des digestifs et cocktails  multiples en compagnie de ces gens adorables qui circulent sans cesse dans les couloirs de Bruxelles.

Mais qui, contrairement à Theresa May, finira par dompter l’Union européenne – ce monstre pléthorique qui dépense plus d’argent pour essayer de rester au chaud que pour aider réellement les autres? Beaucoup ont déjà essayé, quelques-uns vont réessayer. Mais tous ont échoué. La quête de Theresa May pour apprivoiser le monstre de l’Europe qui habite les bois au-delà des falaises de Douvres, dépasse de loin les capacités de simples mortels et défie les Dieux.

L’émotion de Theresa May annonçant sa démission était clairement visible, la passion était ressentie par tous. Au milieu de telles émotions de l’âme et malgré les larmes, le monstre de Bruxelles continue de s’étendre, détruisant toutes les passions connues de l’homme, nivelant chaque contradiction grâce à une réglementation sans fin et des caprices qui atteignent et touchent les profondeurs fantastiques connues sous le nom de Fédéralisme. L’UE aurait dû se réformer, et le Royaume-Uni avec elle. Surtout, nous devrions tous penser de manière différente le monde qui nous entoure, un monde qui comporte plus de contradictions et de querelles humaines que d’eau potable.

 

Le piège n’est pas l’appartenance à l’Union européenne; ce sont le mensonge et l’irresponsabilité qui peuvent la détruire. – Emmanuel Macron

 

 

Les Européens sont devenus plus forts grâce à leurs querelles.

 

Madame May, vous n’êtes pas la seule à aimer votre pays. Au fond, l’Angleterre est aussi mon pays et le restera quoiqu’il advienne. Mais je suis également européen, une Europe pleine de contradictions qui a soumis au monde sa logique et sa raison. Les Européens sont devenus plus forts grâce à leurs querelles – catholiques contre protestants, les Lumières contre les romantiques, les libéraux s’opposant aux marxistes. Tous ont contribué à faire de l’Europe ce qu’elle est. Nous prospérons grace à nos différences, nous tirons les leçons de nos contradictions et nous progressons.

Je suis européen, mais si vous me demandez ce qu’est un citoyen de l’Union européenne – si cette citoyenneté existe et est effectivement souhaitable – j’hésiterai à vous donner une réponse convaincante, non par manque de respect pour cette merveilleuse institution qui m’a donné ma liberté dans un monde en paix, mais parce que l’Union européenne est devenue comme un art abstrait, incompréhensible pour la plupart de ses citoyens. De plus, la notion de citoyenneté européenne peut être perçue par certains comme une menace pour la citoyenneté et l’identité nationales, quitte à les remplacer.

L’UE n’est ni prête ni disposée à se réformer pour contrer la menace du nationalisme si caractéristique du Brexit. Il est temps de se réveiller et de ne pas expulser les élèves bruyants, mais de réformer la classe afin de les accueillir. Seul un imbécile dira que l’UE sera mieux sans le Royaume-Uni, mais comme le dit si justement le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, l’UE “doit tenir ses promesses fondamentales de prospérité, de sécurité et de stabilité.” Sinon,“les gens vont commencer à croire aux fausses promesses et aux chimères des extrêmistes.”

 

 

Aller au-delà du “plus jamais.”

 

L’UE peut être fière de ses réalisations mais doit aller au-delà du slogan bien utilisé, “plus jamais”, faisant référence aux atrocités des nazis. Il ne suffit plus que l’UE se défende en affirmant qu’elle a instauré la paix en Europe depuis plus de 60 ans.

L’UE doit se rendre compte qu’elle a des ennemis – Trump qui a déclaré que l’UE était un “adversaire”, Erdogan nous faisant chanter avec les réfugiés, Poutine et ses assassins du Net et Jinping avec sa route de la soie qui menace de nous étouffer. Chacun exerce une rhétorique nationaliste particulière qui plaît à leurs peuples respectifs qui restent pris au piège de l’autoritarisme. C’est une rhétorique à laquelle les gens peuvent s’identifier.

C’est précisément le manque d’identité européenne qui empêche les européens de s’identifier pleinement à l’Union, même à ceux qui, comme moi, sont sans équivoque favorables à l’UE. Les valeurs fondamentales qui contribuent à l’identité doivent d’abord être définies pour pouvoir être utilisées. Les droits de l’homme, la liberté de conscience et la liberté culturelle sont autant d’exemples de ces valeurs qui contribuent à l’instauration d’une société démocratique. L’UE peut avoir un marché et une monnaie uniques, mais se caractérise par de multiples démocraties, dont certaines sont plus démocratiques que d’autres. Certains États membres ont encore une notion rudimentaire de ce qu’est réellement la démocratie, et ils devraient être marginalisés pour leur laisser le temps de se libérer définitivement de la nostalgie de Moscou.

Il existe un besoin urgent d’une union à plusieurs vitesses dans laquelle certains États membres sont plus intégrés que d’autres. Les démocraties doivent mériter d’être membres de l’Union qui ne doit pas avoir peur de critiquer et de sanctionner. L’hégémonie ne doit pas rimer avec laxisme.

 

 

Pluralisme et universalité

 

L’UE peut-elle se dégager de sa propre histoire, peut-elle sortir de son rêve fédéral?

[…] vaut-il mieux une Europe figée ou une Europe qui progresse parfois à différents rythmes, en restant ouverte à tous ? Dans cette Europe, les peuples auront vraiment repris le contrôle de leur destin. – Emmanuel Macron

L’UE doit entrer dans une période d’auto-réflexion, doit accepter que l’universalité ne peut être imposée que dans un contexte de pluralisme. Bruxelles ne doit certainement pas imposer une culture considérée comme universelle ou une citoyenneté comme supranationale. L’Union doit encourager l’adhésion des États membres à des valeurs pouvant être universelles. Il faut trouver une nouvelle éthique qui ne repose pas nécessairement sur des considérations économiques et politiques, mais sur la relation entre les valeurs de l’Europe, ses citoyens et la planète.